Le paradoxe de la liberté de choix
Je constate souvent qu’il est difficile de choisir. Choisir sa voie professionnelle, décider d’un changement de carrière, partir ou rester, … Les possibilités sont telles aujourd’hui que de nombreuses personnes ressentent le besoin de support (coachs, mentors, thérapeutes, best sellers…) pour les aider à statuer : à prendre « la bonne » décision ou « arrêter de procrastiner » et « passer à l’action« ….Ce phénomène est récent, il y a encore une dizaine d’année, les possibilités étaient réduites et les décisions plus naturelles et intuitives.
J’ai été intéressée par l’approche du psychologue Barry Schwartz, auteur du livre « le paradoxe du choix: comment la culture de l’abondance éloigne du bonheur » paru en 2004 et speaker à TED. Il met en évidence que l’opulence de nos sociétés industrielles, paradoxalement, prévient le bonheur en accroissant notre insatisfaction.
Nous avons de plus en plus de choix possibles
Il souligne que l’évolution de nos sociétés industrialisées nous confronte à une multiplicité de choix à chaque minute de nos quotidiens : (télé)travailler ou non, répondre à l’appel sur notre portable ou non, choisir parmi des dizaines de design de jeans, ou de parfums de glace (qui n’a pas observé la difficulté de choix d’enfants face aux vitrines des glaciers contemporains ?) … L’accroissement des possibilités, des options, qui nous sont offertes est ainsi paralysant plutôt que libérateur.
D’autre part, si les options considérées lors d’un choix ont été nombreuses, nous serons moins satisfaits de notre choix que si elles avaient été réduites : plus d’options = encore plus de possibilités de regretter le choix fait (en se remémorant les alternatives mises de côté, chacune étant un petit deuil à faire).
Enfin, l’accroissement des options conduit à l’accroissement des exigences créant encore plus d’insatisfaction une fois le choix fait (que d’opportunités mises de côté !…). Et ainsi conduire à la culpabilité, au renforcement de la croyance personnelle négative d’avoir fait le mauvais choix…
L’accroissement des possibilités favorise le regret, la culpabilité et la baisse de l’estime de soi.
Ayant récemment vécu quelques années en Inde, pays ou les options de consommation étaient réduites à ce moment-là, je peux confirmer que ma vie quotidienne y était plus simple et son organisation plus efficace, car les choix plus restreints. En se développant vers un modèle de société de consommation, il est probable que l’Inde voit apparaitre les mêmes paradoxes liés au choix.
De nombreux mouvements voient le jour pour revenir à plus de raison sur nos modes de consommation. je pense notamment à la « sobriété heureuse » de Pierre Rabhi qui promeut un mode de vie fondé sur une simplicité volontaire orientée vers la satisfaction des besoins primordiaux : se loger dignement, se nourrir sainement, être en bonne santé. Ce changement de paradigme permet de sortir du paradoxe du choix.
Nous pouvons ainsi tous développer notre motivation et notre bonheur en réduisant les options que nous considérons. « Le secret du bonheur réside dans la réduction des attentes » nous rappelle Barry Schwartz…
Bonjour caroline,
je ne connaissais pas ce terme de « paradoxe de choix » mais je dois dire que cela me semble assez pertinent. Cela rejoint également le « paradoxe de l’abondance » connue notamment pour expliquer que les personnes qui ont trop de choix préfèrent tout simplement ne rien choisir ! Paradoxale…
J’aime également le lien que vous faites avec l’accroissement de l’exigence, et donc de l’insatisfaction, qui fini par créer une frustration personnelle. Et sans doute une perte de repères et de confiance en soi.
Merci pour cet article bien détaille