Se libérer de ses injonctions parentales
Il arrive que l’on se sente, ou que les autres nous sentent, limité, mal à l’aise, effrayé, bête, voué à l’échec, froid, distant, solitaire… Ce peut être lié à des décisions prises dans l’enfance en réponse à des messages négatifs, inhibiteurs, transmis par nos figures parentales. Je vous propose de faire le tour de la questions de ces messages appelés « injonctions » en Analyse Transactionnelle pour commencer à se libérer de ses injonctions parentales.
Au travers de leur expérience en tant que thérapeutes et analystes transactionnels, Bob et Mary Goulding, ont mis en évidence, dès la fin des années 60, que 12 thèmes fondamentaux apparaissent de façon récurrente comme étant à l’origine des décisions prises dans l’enfance.
A chacun de ces thèmes, appelés « injonctions » correspond son contraire : une « permission ». Ces injonctions, aussi appelées messages inhibiteurs sont des messages d’interdit, verbaux ou non, délivrés dans l’enfance pas nos figures parentales. A l’opposé, les permissions sont des autorisations.
Les injonctions mises en évidence par les Goulding au travers de leur expérience de thérapeutes sont :
« N’existe pas »
« Ne sois pas toi-même »
« Ne sois pas un enfant »
« Ne grandis pas »
« Ne réussis pas »
« Ne fais pas »
« N’aie pas de valeur (à tes propres yeux) »
« N’aie pas d’attaches »
« Ne sois pas intime »
« Ne sois pas sain (d’esprit) »
« Ne pense pas »
« Ne ressens pas »
1. « N’existe pas »
Cette injonction est à l’origine, à l’extrême, de comportements adultes suicidaires, de dévalorisation et de sentiment de n’être pas digne de recevoir de l’amour.
Elle provient de menaces parentales, transmises par la brutalité ou l’indifférence, ressenties par l’enfant. Ces menaces exprimées par un parent peuvent être par exemple « Si je ne t’avais pas eu j’aurais pu faire… », « J’ai tellement souffert quand tu es né. »… ou toute phrase qui induit que la vie aurait été meilleure si l’enfant n’existait pas, n’était jamais venu au monde.
2. « Ne sois pas toi-même »
Cette injonction est à l’origine de comportements qui se calquent sur le modèle désigné par les parents.
Elle provient, par exemple, de parents qui souhaitaient avoir un garçon au lieu d’une fille ou qui préfère un de leurs autres enfants et de phrases exprimées par un parent comme « Tu vois l’autre petite fille, elle sait faire ça, elle. », « Tu es comme ton père, tu ne sais rien faire. »… Ou d’un parent qui habille un petit garçon en fille et joue avec lui à des activités traditionnellement de l’autre sexe.
3. « Ne sois pas un enfant »
Cette injonction est à l’origine de la décision précoce qu’il ne faut pas s’amuser ou avoir du plaisir. Elle peut aussi se manifester à l’âge adulte par de la maladresse avec les enfants.
Elle provient de parents qui se sentaient menacés, dans leur propre état d’Enfant, à l’arrivée de leur enfant et de phrases exprimées comme par exemple « Tu es trop grand pour faire ça… », « Les grandes filles ne font pas… », « Prends soin de tes petits frères et soeurs »…
4. « Ne grandis pas »
Cette injonction est à l’origine de décisions précoces qu’il ne faut pas devenir adulte, mur, sexué, réfléchi…
Elle provient de parents dont les seules valeurs sont d’être un bon père ou une bonne mère et qui ne souhaite pas voir leur enfant devenir grand et quitter le foyer et de phrases exprimées par un parent comme par exemple « Ne me quitte pas… », et également de phrases comme « Tu es trop jeune pour faire ça… »
5. « Ne réussis pas »
Cette injonction est à l’origine de d’auto-sabotage conduisant à l’échec dans certaines situations.
Elle provient d’un parent qui envie inconsciemment son enfant (dans son propre état d’Enfant). Les messages inconsciemment passés peuvent être par exemple « Si tu deviens plus beau, plus riche, plus intelligent, plus diplômé,… que moi, je ne t’aimerai plus. ».
6. « Ne fais pas »
Cette injonction est à l’origine d’hésitations continues face à la prise de décision voire d’attente que les autres décident pour soi-même.
Elle provient d’un parent qui a peur (dans son état d’Enfant) que son enfant ne se blesse, ne déclenche une catastrophe,… s’il s’éloigne et de phrases qui sont de multiples interdictions de faire.
7. « N’aie pas de valeur (à tes propres yeux) »
Cette injonction est à l’origine d’angoisse lorsqu’il s’agit de demander ce dont on a besoin ou d’occuper le devant de la scène dans un contexte donné (certaines personnes peuvent avoir reçu une injonction relative au domaine professionnel, d’autres au domaine familial…).
Elle provient d’un parent qui fait passer le message à son enfant que ni lui-même, ni ses besoins ne sont importants.
8. « N’aie pas d’attaches»
Cette injonction est à l’origine de comportements solitaires, perçus comme asociaux, d’incapacité à se sentir à l’aise dans un groupe.
Elle provient de parents qui eux-mêmes n’appartiennent pas à un groupe (par exemple : nous sommes différents du voisinage, de la famille…) ou de parents qui répètent à l’enfant qu’il est unique ; comme par exemple « Tu es timide. », « Tu es différent des autres. »…
9. « Ne sois pas intime »
Cette injonction peut également s’exprimer sous la forme « Ne te fie à personne » ou « N’aime pas ». Elle est à l’origine de manque de confiance vis à vis d’autrui (des hommes, des femmes,…), voire de comportements poussant l’autre au rejet.
Elle provient de parents qui interdisent la proximité physique, le contact avec l’enfant ou de parents absents (décès, séparation…).
10. « Ne sois pas sain (d’esprit) »
Cette injonction est à l’origine de comportements hypocondriaques ou de maladies mentales si l’injonction est présentée dans sa variante « Ne sois pas sain d’esprit ».
Elle provient de parents qui n’avaient pas beaucoup de temps et d’énergie à consacrer à leur enfant en temps normal et qui ne se sont rendus disponibles qu’une fois l’enfant malade. L’enfant a ainsi conservé l’idée qu’en étant malade, il bénéficie de l’attention de ses parents.
Elle peut aussi être directement exprimée dans des phrases comme par exemple « Il est vraiment fragile. », …
11. « Ne pense pas »
Cette injonction est à l’origine de manque de clarté, de malaise au moment de la prise de décision et d’impossibilité de réflexion pouvant conduire à une solution.
Elle peut être exprimée dans les variantes « Ne pense pas à telle chose (sexualité…)», « Ne pense pas ce que tu veux, mais ce que je veux »…
Elle provient d’un parent qui ne permet pas la pensée à son enfant, la critique et la dévalorise constamment.
12. « Ne ressens pas »
Cette injonction est à l’origine de difficultés à ressentir les sensations physiques (la faim par exemple) et elle peut, à l’extrême, être à l’origine de psychoses.
Elle peut être exprimée dans ses variantes « Ne ressens pas tel sentiment. » ou « Ne ressens pas ce que tu sens, mais ce que je sens. ».
Elle provient de parents qui ont réprimé leurs sentiments et sensations. Elle peut être liée à tous les sentiments / sensations ou à certains sentiments / sensations en particulier. Elle s’exprime par des phrases comme par exemple « Ne pleure pas. », « Sois courageux. », « Mange, j’ai faim », « Mets ton pull, j’ai froid »…
Il existe une 13ème injonction : « Ne sache pas »
Identifiée plus tard par l’analyste transactionnelle française Gysa Jaoui, cette injonction est à l’origine de passivité au moment de rechercher de l’information dont la personne a besoin pour développer un nouveau savoir. Elle peut être exprimée dans sa variante « Ne découvre pas ».
Elle provient de parents qui maintiennent leur position dominante vis-à-vis d’un enfant maintenu dans la passivité. Elle s’exprime par des regards gênés, l’absence de réponses aux questions de l’enfant ou des phrases comme par exemple « Tu sauras plus tard. », « Ce n’est pas de ton âge. », mais aussi « Je ne veux pas le savoir » …
Vous avez lu cet article. Prenez le temps de la réflexion. Avez-vous reconnu certaines injonctions ? Dans quels contextes se manifestent-elles ? Quels effets ont-elles sur votre vie ?
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Vous voulez vous libérer du poids de vos injonctions qui vous empêchent d’avancer ? Je vous accompagne…
Caroline Wurth Carlicchi – Coach Certifié – 06 95 19 95 32 (Versailles – France)
Donc la majorité des problèmes proviennent de l’éducation et de ce qui vivent les enfants, je crois que je vais porter plainte contre mes parents moi 😉
Petite nuance : ils viennent de l’interprétation faite par l’enfant (avec sa maturité d’enfant) des messages parentaux. Ce qui rajoute un filtre dans la perception de la réalité.
Bonne journée !
Sur les 13 injonctions, 7 ont fait partie intégrante de mon « éducation », 4 plus ou moins et 2 sont absentes de ce « protocole » 🙄
Aujourd’hui, je vais bien et je vais regarder comment je fais, avec ces injonctions « gravées » en moi, dans l’éducation de mes enfants… j’en ai repéré 2 déjà !
Et je suis bien d’accord que nos parents sont là où ils en sont au moment où ils nous éduquent et que notre interprétation en tant qu’enfant, apporte bien des différences avec nos capacités d’analyses, une fois adulte…
Le tout, à mes yeux, est de pardonner nos parents, nous même et d’aimer et d’éduquer nos enfants du mieux que l’on peut avec qui nous sommes ! Conscient de tous cela, nous devrions éviter certaines erreurs assez destructrices.
Belle vie à nous tous et merci à vous, Caroline pour votre travail partagé !
Bonjour et merci de votre partage d’expérience !
Merci de ces explications claires et simples Caroline .
Je pense avoir été copieusement aspergée par les 13 injonctions .
La plus forte étant : « Ne réussis pas ». Tu ne feras jamais rien de bon de ta vie », me hurlait ma mère en guise de réveil. Quand j’ai (enfin) réussi un ixième couple, ma mère me faisait des scènes d’une violence incroyable …
Quand je suis devenue mère à mon tour, elle me prédisait les pires malheurs, car disait-elle, j’éduquais mal mes enfants …
J’ai connu aussi « N’existe pas » … Mon père la frappait, puis elle me disait : »Regarde ce qu’il m’a fait à cause de toi ». Toute petite, j’avais déjà un esprit de sacrifice extrême, puisque je priais le « petit Jésus » pour que mon papa me frappe moi, plutôt que ma maman … (Mais, et ça va peut-être vous paraître bizarre, mon papa qui était un père bon et plein d’amour, n’a jamais été brutal avec moi …)
J’ai cinquante quatre ans et je suis devenue un autre type de personne que ma maman …
Je ne lui en veux plus, je peux aussi reconnaître que j’ai hérité de certaines de ses qualités et j’ai toujours autant d’amour pour elle que quand j’étais petite … J’avoue que son décès m’a quand même simplifié la vie, car elle n’a jamais changé d’attitude à mon égard … jusqu’à son dernier souffle, elle m’a ignorée ou insultée …
Je suis arrivée à vous parce que je travaille en EFT et je suis décidée à enfin RÉUSSIR au niveau financier et je suis en train de me construire un protocole qui va me guérir des programmes qui s’opposent encore à ma réussite financière…
Je vous souhaite à tous d’avancer avec respect et amour sur le chemin que vous vous êtes tracés… 😳
Merci Marie pour votre témoignage et de montrer qu’il est possible de prendre un nouveau départ, de décider de sa vie en se libérant des injonctions parentales.
Bonjour,
Chez moi, l’injonction a été « tu dois être gentille », c’est à dire ne pas faire de vague, être obéissante. Résultat, j’ai appris à dire non à 35 ans. Et aujourd’hui, à 40 ans, je commence seulement à découvrir que j’ai droit à l’erreur. Le problème ne viens pas de l’injonction, mais du fait qu’on ne m’ai jamais expliqué ce que cela signifiait exactement. J’ai tout pris au pied de la lettre.
Moi , j’ai eu un père autoritaire , un tyran , mais aussi j’ai été surprotégé . j ‘ai tendance à dire que j’ai subi l’injonction « n existe pas » résultat , une vie gâchée , j’ai fais un métier qui me correspondait pas , aucune prise de responsabilité , aucun relation à long terme avec les filles , pas d’enfant , aucune vie sociale , que des frustations dans ma vie . j’ai vécu dans la rêve et non pas la réalité , timidité maladive !!!
J’ai 61 ans et j’ai mis 40 ans à être moi-même grâce à l’AT, à la vie et à mes neurones. Le monde était pour moi un camp de concentration. Maintenant c’est Disneyland. Le voyage vaut le coup. Foncez !